Rouillées, croulantes, dangereuses, les cinq grues de la digue du large de Marseille, symbole du passé industriel de la ville, devaient être détruites. Elles ont finalement toutes été restaurées, et l'inauguration a eu lieu le 15 mars.
72 tonnes de métal, 40 mètres de haut. Les cinq grues du quai Charcot, à Marseille, représentent à elles seules la «splendeur» industrielle du premier port de France, s’enorgueillit Judith Aziza, historienne indépendante et spécialiste de la cité phocéenne. Rouillées, croulantes, dangereuses, il avait été annoncé en septembre 2017 que trois d’entre elles, les plus imposantes, seraient détruites. Grâce à des financements duGrand port maritime de Marseille (GPMM) et la région, elles ont toutes été restaurées. L’inauguration a eu lieu le 15 mars, en présence de Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes Côté d’Azur, et d’Hervé Martel, président du directoire du GPMM.
Les cinq « élégantes », comme elles sont surnommées, font partie du paysage depuis 1961. A l’époque, elles étaient 13. Elles servaient à charger et décharger les bateaux qui entraient et sortaient du port, notamment des «cargaisons de fruits», d’après Judith Aziza. Leurs mécanismes étaient capables de soulever 6 tonnes à 22 mètres de haut. Mécaniques à l’origine, les ingénieurs du port les améliorent en les rendant électriques et mobiles. « Ils disposaient d’un vrai savoir-faire, et ont été capables d’adapter les moyens de manutention aux besoins de leur époque », certifie la chercheuse.
Les grues sont aujourd’hui immobilisées quai Jean Charchot, sur la digue du large. L’impressionnant ouvrage, qui s’étend sur toute la côte nord de Marseille, sert à protéger le port des courants et de la houle afin de permettre aux navires d’y pénétrer et de s’amarrer sans encombre. Sa construction débute en même temps que celle du port de commerce – par opposition au Vieux-Port –, au milieu du XIXe siècle. A mesure que de nouveaux bassins portuaires s’ouvraient, la digue était prolongée.
Situées à l’entrée du port, les grues étaient dangereuses pour les bateaux qui naviguaient près d’elles, et les travaux nécessaires à leur restauration étaient onéreux: on estime qu’ils ont coûté un million d’euros. La mobilisation d’associations et de particuliers a toutefois convaincu la Région d’y participer, à hauteur de 600 000 euros, pour compléter les 400 000 euros mis sur la table par le GPMM. « C’est une belle restauration, et une bonne nouvelle pour le patrimoine marseillais », conclut Judith Aziza. Comme le dit Albert Londres, Marseille est avant tout « un port, l’un des plus beaux du bord des eaux », et ces grues en sont depuis 60 ans le colosse de Rhodes.
Léo Durin
Source : Historia
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire