Joshua Wong, figure du mouvement prodémocratie à Hongkong, a été condamné, jeudi 6 mai, à dix mois de prison supplémentaires, cette fois, pour sa participation, en 2020, à une veillée « illégale » en souvenir de la répression de la place de Tiananmen.
Pendant des décennies, l’ex-colonie britannique a été le seul endroit de Chine où l’on commémorait l’intervention sanglante de l’armée chinoise contre le mouvement social et étudiant de 1989 à Pékin. Mais, pour la première fois en trente ans, la veillée du 4 juin n’a pas été autorisée en 2020 par les autorités, qui avaient avancé le prétexte de la lutte contre la pandémie, dans un contexte de reprise en main musclée de la ville par le pouvoir central chinois.
Des dizaines de milliers de personnes avaient néanmoins bravé cette interdiction pour marquer pacifiquement le 31e anniversaire de la répression de Tiananmen dans un parc du centre de Hongkong. Des poursuites judiciaires avaient été engagées contre vingt-quatre personnalités du mouvement prodémocratie.
Jeudi, quatre d’entre eux, parmi lesquels Joshua Wong, Lester Shum, Tiffany Yuen et Janelle Leung, ont été condamnés. Ils avaient plaidé coupable de participation à un rassemblement illégal.
Un sujet tabou
M. Wong, qui est, dans les pays étrangers, le visage le plus connu de la contestation hongkongaise, a écopé de dix mois de prison, une peine qui s’ajoute à celle de treize mois et demi qu’il purge pour sa participation à une autre manifestation, en 2019. « Cette peine doit dissuader des gens de commettre des délits et de récidiver », a déclaré le juge, Stanley Chan.
M. Shum a écopé de six mois de prison. Mme Yuen et Leung de quatre mois. Joshua Wong, Lester Shum et Tiffany Yuen sont, par ailleurs, poursuivis dans un autre dossier, en vertu de la loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à Hongkong, qui est, désormais, le principal instrument de la répression chinoise dans l’ex-colonie britannique. Les autres prévenus, parmi lesquels figurent certaines des personnalités les plus en vue du mouvement prodémocratie, dont beaucoup sont en détention dans d’autres dossiers, seront jugés cet été.
La sanglante intervention de l’armée chinoise sur la place Tiananmen dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 avait mis fin à sept semaines de manifestations d’étudiants et d’ouvriers contre la corruption et pour la démocratie en Chine. La répression avait fait entre plusieurs centaines et plus d’un millier de morts. Le sujet est tabou en Chine. Pendant des décennies, la veillée à Hongkong avait immanquablement attiré les foules, comme un symbole des libertés uniques dont a longtemps joui le territoire encore théoriquement semi-autonome, revenu dans le giron chinois en 1997.
En 2019, la veillée du 30e anniversaire s’était déjà déroulée dans un contexte politique tendu alors que l’exécutif hongkongais pro-Pékin tentait d’imposer l’autorisation des extraditions vers la Chine continentale. Une semaine plus tard avait commencé le plus vaste mouvement de contestation de la tutelle chinoise à Hongkong avec, de juin à décembre 2019, des manifestations et actions quasi quotidiennes, parfois violentes.
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