lundi 3 mai 2021

Affaire Noyer: Nordahl Lelandais aux assises


L’audience qui se tient de ce lundi au mercredi 12 mai devant la cour d’assises de la Savoie est l’une des plus attendues de 2021. Dans le box des accusés: le tristement célèbre Nordahl Lelandais, 38 ans. En face de lui: la famille d’Arthur Noyer, caporal du 13e bataillon de chasseurs parachutistes de Barby (Savoie), disparu à Chambéry le 12 avril 2017. Initialement mis en examen pour «assassinat», Nordahl Lelandais encourt finalement trente années de réclusion criminelle pour le «meurtre» du militaire de 23 ans.

Dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, Arthur Noyer fréquente plusieurs établissements de nuit de Chambéry - la Brasserie du Mont-Blanc, le O’Pogues, le Mélody’s, le RDC. Alors que l’heure avance, le jeune homme, «dans un état d’ivresse manifeste», est de plus en plus vulnérable, au point de se faire voler son portable avant que l’intervention d’une passante ne pousse les deux hommes à l’origine du larcin à restituer l’appareil. Le natif de Bourges est filmé pour la dernière fois par les caméras de vidéosurveillance à 2 h 56 en train de courir rue de la République. L’étude de sa téléphonie montre qu’il se déplace ensuite «manifestement» en voiture. À 4 heures, le portable du militaire cesse d’émettre.

Pendant des mois, malgré la mobilisation de la famille du jeune homme, l’affaire Noyer reste un mystère. Jusqu’à la disparition de la petite Maëlys en marge d’une soirée de mariage en Isère, dans la nuit du 26 au 27 août 2017. Un certain Nordahl Lelandais, présent au mariage, est mis en examen, d’abord pour l’«enlèvement» puis pour le «meurtre» de la fillette. Le lien entre les deux dossiers est rapidement établi: l’ancien maître-chien possède une Audi similaire à celle repérée à Chambéry dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, et sa téléphonie est compatible avec celle d’Arthur Noyer cette même nuit.

Le 18 décembre 2017, un crâne retrouvé par un promeneur trois mois auparavant en forêt de Cruet, au sud-est de Chambéry, est identifié comme celui d’Arthur Noyer. Le même jour, Nordahl Lelandais est placé en garde à vue. Il commence par nier les faits, puis, lors d’une audition, le 29 mars 2018, reconnaît son implication dans la mort du Berruyer. Il aurait, selon lui, tué accidentellement Arthur Noyer lors d’une bagarre déclenchée par ce dernier sur le parking du centre socioculturel de Saint-Badolph.

«Un prédateur»

Une version à laquelle les parties civiles n’accordent aucun crédit. «Lelandais est un chasseur, un prédateur. Il a tourné dans Chambéry, à pied et en voiture, avant de repérer sa proie, proie dont, comme tous les chasseurs, il voulait ensuite se débarrasser», affirme Me Bernard Boulloud, le conseil des parents, du frère et des grands-parents du jeune homme. «Nous remettrons cette question sur l’ouvrage au procès», prévient l’avocat grenoblois, qui assure que ses clients n’ont «absolument pas peur» de se retrouver face à l’accusé. «Ils connaissent le dossier par cœur et ils sont déterminés. S’ils ont quelque chose à dire, ils le diront.» L’audience sera évidemment scrutée par la famille de Maëlys, qui ne sera cependant pas présente à Chambéry. «Nous ne serons pas non plus au procès qui aura lieu à Grenoble pour le meurtre de Maëlys», commente Me Boulloud. «Les deux familles se parlent et se soutiennent mutuellement, mais l’idée est qu’aucune d’elle n’interfère dans le procès de l’autre. Nous ne voulons par ailleurs pas donner le sentiment de faire pression sur les magistrats» et, implicitement, fournir un argument à la défense de Nordahl Lelandais. De son côté, Me Alain Jakubowicz, l’avocat de l’accusé, n’a pas souhaité s’exprimer.

Source : Le Figaro

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