Valérie Pécresse s'y attendait, en s'installant face à ses six concurrents dans sa position de présidente sortante. «Je sais que ça va être haro sur Pécresse», a lancé la dirigeante (soutenue par Les Républicains, LR) de la région Île-de-France, peu de temps après le début de «La Grande Confrontation» organisée lundi par LCI, Le Figaro et RTL. Sa prédiction s'est avérée juste. Emploi, écologie, transports: l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy a été très vite érigée en cible par ses adversaires, à quelques jours des élections régionales des 20 et 27 juin.
Dans ce débat de trois heures à la portée nationale, émaillé de vives passes d'armes, les échanges se sont d'abord animés autour des aides régionales pour relancer l'économie. Les candidats de gauche ont regretté la faiblesse des contreparties demandées, notamment en matière d'emploi, aux grandes entreprises subventionnées. «Arrêtons d'arroser là où c'est mouillé», a insisté le Vert Julien Bayou. D'«arroser le grand patronat», a enchéri Nathalie Arthaud, de Lutte Ouvrière. Les gauches ont affiché leur préférence : favoriser «l'économie sociale et solidaire».
Blâmée de toutes parts
Face à ce front, le député macroniste Laurent Saint-Martin (La République en marche, LREM) a volé au soutien de la présidente sortante. «C'est Valérie Pécresse qui a raison : oui, on aide toutes les entreprises», a-t-il déclaré, en bon défenseur du «quoi qu'il en coûte» macroniste. L'intéressée s'est pour sa part enorgueillie d'avoir «fait venir de nouveaux investisseurs» pendant son mandat et d'avoir «relocalisé 140 entreprises». «Je connaissais Alice au Pays des Merveilles. Maintenant, on a Valérie au Pays des bobards !», lui a lancé l'Insoumise Clémentine Autain.
C'est ensuite sa promesse de «révolution des transports» que Valérie Pécresse a vu blâmée de toutes parts. Question de Laurent Saint-Martin : «Pourquoi ne voulez-vous pas reconnaître qu'(elle) n'a pas eu lieu ?». «Laissez-moi six ans, et vous verrez», a répliqué la cheffe de file de la droite, toute à sa volonté de «doubler le réseau de transports».
En sa faveur, la cible s'est déportée quelques instants sur ses deux concurrentes de gauche, Clémentine Autain et Audrey Pulvar (soutenue par le Parti socialiste), quand elles ont défendu l'objectif de gratuité des transports. «Une illusion», a blâmé la présidente sortante. «Quand c'est gratuit, c'est toujours quelqu'un qui paie», ont abondé en ce sens le chef de file du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, et le Marcheur Laurent Saint-Martin. Sur les questions environnementales, un axe LR-LREM-RN s'est aussi opposé aux gauches, décrites comme partisanes d'une écologie «punitive».
Enjeu présidentiel
L'enjeu du scrutin dépasse le cadre régional pour Valérie Pécresse : l'ex-ministre, candidate pressentie pour l'élection présidentielle de 2022, a réaffirmé qu'elle quitterait la vie politique en cas d'échec les 20 et 27 juin. «Les Franciliens doivent décider : stop ou encore», a résumé lundi soir la présidente d'Île-de-France, favorite dans les sondages et encore donnée vainqueur au second tour, dans tous les cas de figure, par la dernière étude Ifop pour Le Figaro et LCI publiée dimanche.
Familière des harangues anti-Macron à l'échelle nationale, l'ex-membre de LR a toutefois relativement épargné son adversaire Marcheur sur le plateau. Elle a préféré viser Jordan Bardella, l'accusant de n'avoir pas voté certaines mesures régionales en faveur de la sécurité. «M. Bardella a fait le choix de l'insécurité», a-t-elle souligné, détournant ainsi le slogan du vice-président du RN, chantre d'une «région qui protège» , notamment face à une «immigration massive».
Interrogés sur leurs stratégies d'entre-deux tours, les chefs de file de gauche ont indiqué sans équivoque qu'ils fusionneront leurs listes. Moins clair sur son positionnement vis-à-vis de Valérie Pécresse, le Marcheur Laurent Saint-Martin a pour sa part promis de mener «jusqu'au bout» son «combat». «Droite régionale qui creuse les inégalités», dixit Clémentine Autain, contre «gauche à la vision décroissante», selon Valérie Pécresse : en dépeignant leurs adversaires en fin de débat, les candidats semblaient se les être déjà choisis pour le second tour.
Source : Le Figaro
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