mardi 8 juin 2021

Des centaines de personnes arrêtées lors d’un coup de filet mondial contre le crime organisé



Il a fallu trois années et la collaboration des polices de plusieurs pays pour parvenir à un coup de filet d’ampleur contre le crime organisé : des centaines de personnes ont été arrêtées à travers le monde, a annoncé, mardi 8 juin, la police fédérale australienne grâce au noyautage d’une application de communication utilisée par les malfaiteurs.

Lors de cette opération, présentée comme « la plus sophistiquée du monde », contre le crime organisé, les polices des Etats-Unis, d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de plusieurs pays d’Europe ont révélé qu’elles contrôlaient en fait l’application baptisée « AN0M », dont se servaient des malfrats du monde entier pour échanger de façon cryptée.

L’opération – nommée « Ironside » en Australie et « Bouclier de Troie » dans le reste du monde – a permis aux enquêteurs de seize pays d’observer des membres de la mafia, de syndicats criminels asiatiques ou encore de gangs de motards hors la loi qui échangeaient sur des ventes de stupéfiants, des activités de blanchiment d’argent ou même des projets d’assassinats.

Rien qu’en Australie, 224 personnes ont été arrêtées lors de ce coup de filet qui, selon le premier ministre australien, Scott Morrison, « a infligé un coup dur au crime organisé, non seulement dans ce pays, mais qui aura un écho dans le monde entier ».

En plus d’obtenir la capacité de décrypter des messages en temps réel, le FBI et les autres services de police sont parvenus à encourager les malfaiteurs à recourir au téléphone crypté AN0M. Les appareils ne permettaient pas de passer des appels ni de consulter ses courriels et n’avaient pas de coordonnées GPS. Ils permettaient uniquement d’envoyer des messages à d’autres téléphones AN0M. Ils ne pouvaient s’acheter que sur le marché noir et impliquaient d’avoir un code transmis par un autre utilisateur.

« Influenceurs criminels »

Des médias australiens rapportent que les policiers ont procuré ces téléphones à des suspects connus, y compris à un Australien recherché pour trafic de drogue et en cavale en Turquie. « Un criminel devait connaître un autre criminel pour obtenir ce matériel », a expliqué la police australienne dans un communiqué.

« Les appareils ont circulé et leur popularité a grandi parmi les criminels, qui avaient confiance dans la légitimité de l’application car de grandes figures du crime organisé se portaient garantes de son intégrité », a-t-elle poursuivi.

« Ces influenceurs criminels ont mis la police fédérale australienne dans la poche revolver de centaines de délinquants présumés », s’est félicité le chef de la police australienne, Reece Kershaw, dans le communiqué. « Finalement, ils se sont passé les menottes les uns aux autres en adoptant et en faisant confiance à AN0M et en communiquant ouvertement avec, sans savoir que nous les écoutions », a-t-il ajouté.

Cette opération a été rendue possible grâce à l’infiltration, par le FBI, de systèmes similaires de communications cryptées, Phantom Secure et Sky Global, qui avait permis aux policiers américains d’accéder aux communications de dizaines de milliers d’utilisateurs, y compris des grandes figures du crime organisé.

Six laboratoires de fabrication de drogue fermés

« La fermeture de ces deux plates-formes de communications cryptées avait créé un vide sur le marché », a expliqué la police néo-zélandaise. Pour le combler, « le FBI a piloté son propre système d’appareils cryptés, baptisé AN0M ». Dans le même temps ont été lancées des rumeurs sur la prétendue vulnérabilité d’un système concurrent, baptisé « Ciphr ». Il n’est pas encore certain, à ce stade, qu’AN0M soit totalement une création de la police ; il pourrait s’agir d’un système déjà existant qui aurait été infiltré.

Les 224 personnes interpellées en Australie sont désormais inculpées d’un total de plus de 500 chefs d’accusation ; six laboratoires de fabrication de drogue ont été fermés ; quantité d’armes et 45 millions de dollars australiens (29 millions d’euros) en liquide ont été saisis.

« Des centaines de personnes ont aussi été arrêtées » hors d’Australie, a ajouté la police de ce pays. Son homologue néo-zélandaise a pour sa part annoncé l’interpellation de trente-cinq personnes, notamment pour trafic de drogue et blanchiment d’argent.

L’agence européenne de police criminelle Europol et le FBI prévoyaient de donner une conférence de presse à La Haye (Pays-Bas), à 10 heures (heure de Paris).

Source : Le Monde

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