jeudi 22 avril 2021

Brésil : ses condamnations annulées, Lula à nouveau éligible à la présidentielle

Coup de théâtre sur la scène politique brésilienne. L'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva peut désormais affronter Jair Bolsonaro à la présidentielle de 2022, après qu'un juge de la Cour suprême a annulé lundi toutes ses condamnations pour corruption et l'a rétabli dans ses droits politiques. 

Cette décision a fait l'effet d'une bombe, propulsant de nouveau l'icône de la gauche brésilienne dans l'arène politique, dans un Brésil plus polarisé que jamais après deux ans de mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro. Le juge Edson Fachin a estimé que le tribunal de Curitiba (Sud) qui avait condamné Lula dans quatre procès n'était "pas compétent" pour juger ces affaires.

Celles-ci seront à présent jugées par un tribunal fédéral de Brasilia. En attendant, l'ex-président (2003-2010) recouvre ses droits politiques et peut briguer un troisième mandat. Le procureur général brésilien dispose toutefois d'un droit de recours devant la Cour suprême réunie en séance plénière.  


La fin du feuilleton judiciaire ?

Lula, 75 ans, avait déjà purgé un an et demi de prison pour corruption, d'avril 2018 à novembre 2019, avant d'être libéré sur décision collégiale de la Cour suprême. Au moment où il avait été incarcéré, l'ancien chef de l'État était donné favori des enquêtes d'opinion pour la présidentielle d'octobre 2018. Deux ans et demi plus tard, dans un sondage récent, Lula apparaît comme le seul capable de battre Jair Bolsonaro au prochain scrutin, en 2022 : 50% des personnes interrogées se disaient prêtes à voter pour lui, contre 44% pour le président sortant.  

Les dirigeants du Parti des Travailleurs (PT), formation de gauche cofondée en 1980 par Lula, ont toutefois préféré rester prudents, craignant de nouveaux rebondissements dans le feuilleton judiciaire autour de l'ex-président. "Nous attendons l'analyse juridique de la décision du juge Fachin, qui a reconnu avec cinq ans de retard que Sergio Moro n'aurait jamais dû juger Lula", a déclaré sur Twitter Gleisi Hoffman, présidente du parti.  

Elle fait allusion au juge Moro, figure de proue de la lutte anticorruption au Brésil, dont la condamnation en première instance de Lula en juillet 2017 a été le principal fait d'armes. Il était devenu par la suite ministre de la Justice de Jair Bolsonaro, avant de démissionner avec fracas en avril 2020.  

Plusieurs condamnations

Les condamnations de Lula à Curitiba, dans le cadre de l'opération anticorruption "Lavage express" avaient déjà été discréditées ces derniers mois, l'impartialité des juges et des procureurs ayant été mise en doute par des échanges de messages dévoilés par le site The Intercept Brasil

Lula avait notamment été accusé de recevoir des pots-de-vin pour favoriser des entreprises du bâtiment dans l'octroi de marchés publics, notamment liés à la compagnie pétrolière d'État Petrobras.  

La première condamnation, de dix ans et huit mois de réclusion, portait sur un appartement triplex en bord de mer que Lula aurait reçu de la part d'une de ces sociétés de BTP. La deuxième portait sur des travaux de rénovation financés par deux groupes du bâtiment dans une propriété rurale à Atibaia, dans l'État de Sao Paulo (Sud-Est).  

Source : L'Express

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