vendredi 12 juin 2020

Des satellites détectent les brouillards qui nourrissent d'eau les plantes des déserts

Dans certaines régions désertiques, les plantes n’ont pour seule source d’eau que les nappes de brouillard en provenance des océans. Une équipe américaine vient de prouver qu’il est possible d’évaluer cet apport grâce aux satellites.

Régions étranges et singulières que ces zones désertiques proches des océans. Dans le monde, le désert d'Atacama au Chili, le désert de Namibie et les forêts de séquoia de Californie forment les trois principaux écosystèmes au monde où la végétation dépend des brouillards issus de l'évaporation des eaux marines proches. Le désert d'Atacama et celui de Namibie sont même classés au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. Celui de Namibie recèle notamment Welwitschia mirabilis, véritable plante fossile témoignant de l'émergence des arbres il y a 425 millions d'années.

Que le brouillard et la rosée soient les seules sources d'eau de ces plantes n'est pas discuté. Les biologistes ont même déterminé comment elles captaient l'eau grâce à leurs feuilles plutôt qu'avec leurs racines. Mais comment évoluent ces brouillards ? Quel impact a le changement climatique sur ces phénomènes d'évaporation et condensation de l'eau ? Il n'y avait jusqu'ici pas de réponse. Pour la première fois, une équipe de chercheurs de l'Université d'Indiana (USA) a eu l'idée d'utiliser l'imagerie satellitaire. Pas n'importe laquelle : celle fournie par les radiomètres micro-ondes passifs qui sont plus généralement utilisés pour enregistrer les émissions thermiques des manteaux neigeux. Leurs résultats viennent d'être publiés dans Geophysical research letters.

Les chercheurs ont étudié ces images satellitaires et les ont comparées à des observations de terrain pour pouvoir relier une abondance d'humidité constatée de l'espace à la réponse foliaire des plantes via leur verdissement. Leur terrain d'étude s'est focalisé sur le désert de Namibie qui abrite un centre de recherche dédié au lieu, le GOBABEB. Les scientifiques ont utilisé les observations satellitaires menées entre 2015 et 2017 et les ont confronté avec leurs observations de terrain. Ils ont trouvé une relation constante entre le brouillard et la couleur des feuilles et les teneurs en eau dans les feuilles et tiges et établi que le verdissement était 15% supérieur entre les périodes "arrosées" et les sèches. Les chercheurs confirment également que les épisodes saisonniers de brouillard apportent plus d'eau que la rosée quotidienne.
La preuve vient donc d'être faite qu'on peut utiliser l'imagerie satellitaire pour évaluer l'humidité d'un phénomène aussi diffus et élusif que le brouillard. Les chercheurs ambitionnent désormais d'engranger des données sur une longue période. "Si nous obtenons dix ans de données, nous montrerons ainsi une relation plus robuste, assure Lixin Wang, principal auteur de l'étude. Nous pourrons alors faire des prévisions sur la force de ce lien entre brouillard et plantes et comment cela va évoluer sous l'effet du changement climatique ". En théorie en effet, la hausse des températures va assécher l'atmosphère et entraver la formation des nappes de brouillard, mettant potentiellement à mal ces écosystèmes arides crucialement tributaires de l'eau.

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